Un soir de concert à l'Auditorium - Orchestre National de Lyon

Par

Laugier Alice

Je viens d’assister à un moment sidérant. 

Auditorium de Lyon. J’attends que le concert commence. 2eme de Beethoven, R. Capuçon dans le concerto d’ Elgar. 

Les musiciens de l’ONL sont sur scène, au pupitre, en train de chauffer. 

Un message passe dans les enceintes. Les représentants syndicaux vont s’exprimer. 


Et c’est parti pour le scandale. 

Le public s’indigne, immédiatement, sans savoir de quoi il va être question, haut et fort. Le discours n’a même pas commencé qu’on entend des « remboursés !! » vindicatifs. On entend aussi des huées. 

Le délégué syndical s’avance, humblement, sous les invectives. Commence à parler. A dire son inquiétude et le refus des musiciens de la réforme passée par 49.3. Entre chaque phrase, quasi inaudible, des gens poudrés et bien mis de leur personne invectivent, hurlent « musiiiiique ! » pour signifier « ferme la et joue ! ». Comme si devant eux, il y avait un juke box. Ils ont payé, ils exigent. 

Derrière moi, une dame âgée crie « je ne suis pas venue à une manif, mais à un concert ! »

Devant moi, quand le représentant explique que pour pratiquer un instrument au niveau professionnel, il faut de longues heures de travail quotidiennes pratiquées depuis l’enfance, qu’être musicien est comparable au sacerdoce d’un sportif de haut niveau, j’entends des « Chochotte !! On a bossé avant vous !! » … le tout sous les sifflets quasi généraux. Les applaudissements sont là aussi. Mais pas majoritaires. 


Je pourrais écrire encore des lignes entières pour décrire cette atmosphère hostile.  

Je suis sidérée. J’ai envie de pleurer.

Beethoven égrène ses mélodies à deux pas de moi. Je me dis que les musiciens ont bien du courage d’offrir cette symphonie à un public si détestable et consommateur.

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