Les Ukrainiens à la recherche de catharsis
par Florent Vergnes
Les portes s’ouvrent. À l’intérieur, les abords des quais ont été habillés de lumières bleues et jaunes aux couleurs du pays. Au bout, une scène et un drapeau ukrainien. Devant les platines, DJ Tapolsky. Anatoly Tapolsky de son vrai non est un des musiciens de la scène électronique les plus connus d’Ukraine. Il a servi dans le Dombass en 2014 après un bref entraînement au maniement des armes. S’il reprend les platines durant la période d’accalmie, il est retourné se battre avec l’invasion russe en février 2022.
De retour du front de l’Est, DJ Tapolsky se retrouve dans le métro, pour un concert de Drum’n’Bass et expliquer « que les Ukrainiens n’ont pas peur ».
Premier beat. Avant que le couvre-feu martial de 22 h ne tombe, les kïviens dansent, oublient, se dénudent, hurlent, se frappent du poing ou se perdent dans la musique, pour oublier les sirènes qui avaient sonné ce matin même, oublier les destructions et la peur.
« Je suis parti de Sumy où la situation était intenable. Ce qu’il se passe ce soir est exceptionnel, nous n’avons pas fait ça depuis des semaines. Ce n’est pas qu’on s’amuse, c’est qu’on essaie d’extérioriser », glisse une Ukrainienne, d'une trentaine d’années. « On veut aussi dire à Poutine que l’on n’a pas peur de lui », rajoute un homme à côté d’elle.
Le concert terminé, chacun retourne chez lui. Avant de franchir la bouche de métro et s’engouffrer dans le froid de la nuit ruthène, les jeunes hurlent en cœur un dernier « Poutine, vas te faire foutre ».
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